Luc Ferry : « Pour lutter contre l’illettrisme, il faut dédoubler les classe de CP et créer des écoles de parents »

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Lors de la conférence organisée par l’agence 2E2F sur le rôle de la mobilité internationale contre la pauvreté et l’exclusion (thème de l’année européenne 2010), l’ancien ministre de l’Education nationale, Luc Ferry, a choisi d’évoquer l’illettrisme, la France comptant 3,1 millions de personnes en situation d’illettrisme, soit 9 % de la population âgée de 18 à 65 ans ayant été scolarisée. En outre, 12 % de la population âgée de 18 à 65 ans est en difficulté avec l’écrit, soit 4,5 millions de personnes.

Pour le philosophe, « la mobilité n’est pas la priorité des priorités pour les publics en situation de pauvreté et d’exclusion, mais c’est l’illettrisme  ». Il estime ainsi que la mobilité intellectuelle est intéressante car elle permet de « voir ce qui se fait dans d’autres pays, comme le dédoublement des classes de CP en Finlande ou l’école des parents en Grande-Bretagne ».

Comme beaucoup des acteurs présents lors du colloque, Luc Ferry estime que l’adage « Mieux vaut prévenir que guérir  » correspond parfaitement à l’illettrisme, car il est ensuite très dur de réparer la situation. En effet, 80 % des enfants qui n’apprennent pas à lire en CP n’apprennent jamais à lire. Les indicateurs, en progression constante pendant des décennies, ont commencé à s’inverser en 1994. Le ministre a évoqué « les fausses causes  » qu’on attribue à ces chiffres, à savoir « la télévision et la méthode globale, qui n’existe plus en tant que telle puisque aujourd’hui l’école fonctionne avec des méthodes mixtes  ».

Pour Luc Ferry, les vraies causes de l’illettrisme sont la mise en avant de la méthode de l’auto-construction, qui occulte la transmission patrimoniale de l’enseignant envers l’élève. Il souligne ainsi la multiplication des exercices à trous et le manque de « par cœur » dans les écoles. Deuxième cause pour l’ancien ministre : « l’idée erronée qu’il faut motiver les enfants pour les faire travailler. Alors que c’est l’inverse. Il faut beaucoup travailler, c’est très dur, très ennuyeux mais c’est ensuite qu’on découvre et qu’on aime la matière  ». Pour Luc Ferry, le seul moyen de faire travailler les enfants c’est de « passer par l’autorité ».

Afin de remédier à cette situation, le philosophe propose de « dédoubler les classes de CP car cela permet de remédier au problème au moment du diagnostic ». En 1995, en tant que ministre de l’éducation, il avait d’ailleurs tenté une expérimentation sur 3 000 écoles dans lesquelles 50 % des CM2 sortaient avec des difficultés. Deuxième proposition : mettre en place des écoles des parents pour qu’ils puissent aider leurs enfants. Toutefois, pour ces parents, l’école est souvent synonyme d’échec, de terreur, alors «  il faut vraiment aller les chercher. Ainsi, même s’ils n’ont que 15 jours d’avance sur leur enfant, ils ont confiance et peuvent l’aider ».

Si Luc Ferry a consacré son intervention à l’illettrisme, il a reconnu, lors de la conférence de presse qui a suivi, que «  la mobilité transforme une personne à vie, c’est une expérience bouleversante au bon sens du terme ». Et il estime qu’un séjour à l’étranger devrait être obligatoire pour les élèves des lycées professionnels.

 

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