L’OPCA, levier de la lutte contre l’illettrisme dans les entreprises

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Difficile d’aborder la question de l’illettrisme de front, alors comment s’y prendre pour inciter les salariés illettrés à entreprendre une formation aux savoirs de base ?

Comment combattre leur manque d’appétence pour la formation et s’adapter aux spécificités de l’entreprise ?

L’organisme collecteur a souvent été mentionné par les participants au colloque « développer les compétences de base en entreprise, un enjeu de GPEC pour la performance de chacun » organisé par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) et le Groupement des acteurs et responsables de formation.

Après avoir enquêté sur les besoins lors des entretiens professionnels et obtenu l’adhésion des instances représentatives du personnel au projet de formation aux savoirs de base, Christophe Pons, responsable formation du groupe Onet, dont une des activités est la propreté, a eu besoin d’une intervention extérieure : « Le véritable décollage a eu lieu grâce à l’OPCA de branche qui a formé des correspondants régionaux et agréé des organismes de formation. »

Cette année, 19 agences du groupe ont monté une formation (contre 15 l’année dernière) et la direction met à profit le contexte pour former ceux qui ont un peu plus de temps pour obtenir un certificat de qualification professionnelle.

Une opinion partagée par Pascal Cabaret, directeur de l’Association régionale paritaire pour la formation continue dans le bâtiment et les travaux publics de Bretagne (Aref) : « le rôle de l’OPCA est très important. » Quand il y a quinze ans son organisme a élaboré la formation générale professionnelle (formation/action aux savoirs de base), fondée sur des documents de travail, les chefs d’entreprise avaient du mal à en parler aux salariés concernés, ceux-ci craignant de partir en formation car ils pensaient qu’on voulait se débarrasser d’eux, les conseillers formation ont servi de médiateurs entre les chefs d’entreprise, le management et les chefs d’équipe. « Nous allons travailler avec les organismes de formation, les entreprises ne les connaissent pas et n’ont pas le temps de les démarcher. C’est notre travail. Nos conseillers ne sont pas des collecteurs et des apporteurs de fonds. » estime-t-il.

« Nous sommes experts engagés sur ce sujet ! » a prévenu le directeur général d’Agefos PME Joël Ruiz, mais il reconnaît qu’atteindre les chefs d’entreprise est « très difficile ». Pour lui, tous les moyens sont bons pour les atteindre : par le niveau local, la branche et même le métier. Il préconise une approche globale pour les TPE, et pas seulement la formation aux savoirs de base : « L’entreprise a des projets, il faut la voir sur une perspective plus large et à cette occasion repérer les personnes en situation d’illettrisme ». Mais il pense que cet effort de diagnostic, repérage, définition d’action et d’accompagnement a un coût : ces formations coûtent 50% de plus que les actions habituelles et nécessitent donc la contractualisation avec l’État et les collectivités.

Daniel Vatant, directeur d’Habitat et formation estime aussi que « l’intermédiation des OPCA est essentielle » mais que cela ne suffit pas. Il faut selon lui que l’entreprise ait une démarche réfléchie à ce sujet « Les situations d’illettrisme sont difficiles à traiter. L’entreprise doit prendre le temps de savoir pourquoi et dans quel but elle veut s’attaquer à ce sujet. » Pour avoir une bonne lecture de sa situation, ielle a selon lui intérêt de solliciter une expertise extérieure.

Mais l’intervention des OPCA a une limite : « Le conseiller OPCA peut détecter, accompagner le projet, faire de l’ingénierie, mais il ne pourra pas faire l’accompagnement dans le métier : ça c’est l’affaire de ceux qui savent faire.  » a expliqué Joël Ruiz. « On ne peut pas se substituer ni à l’entreprise, ni au formateur. Et ça c’est un risque dans l’évolution du rôle des OPCA. »

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