Illettrisme au travail : un bref historique depuis 1970

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La situation d’illettrisme a été définie en 1970 par l’association ATD Quart-Monde. Considéré longtemps comme une exclusivité des pays en voie de développement, l’illettrisme est pourtant présent dans toutes les sociétés occidentales, à des degrés divers depuis la rédaction du rapport « Des illettrés en France » en 1983, transmis au Premier Ministre d’alors, Pierre Mauroy. A la suite de cette publication, l’Etat met en place le Groupe permanent de lutte contre l’illettrisme.

C’est aujourd’hui l’ANLCI (Association nationale de lutte contre l’illettrisme) qui est le fer de lance de ce combat, en défrichant notamment le panel des compétences nécessaires à faire acquérir à une personne identifiée comme se trouvant en état d’illettrisme.

Deux domaines de compétences bien particuliers ont été identifiés, afin de graduer les besoins et progrès des personnes en état d’illettrisme.

Les compétences dites « de base », graduées en quatre échelons, englobent, de manière pédagogique et croissante, les apprentissages nécessaires à l’acquisition de l’écrit, de la lecture, du calcul, mais aussi du comportement social et de la conversation argumentée.

Le second socle de compétences, appelées « compétences clés » ont été définies, puis redéfinies, notamment par l’OCDE, le Conseil de l’Europe, l’Education Nationale ou La Direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle (DGEFP). Si plusieurs définitions se chevauchent, il existe cependant un consensus autour de la maîtrise de la langue maternelle. Récemment, une compétence de culture numérique a été ajoutée au corpus des compétences clés afin de s’adapter à un environnement social et professionnel où l’informatique devient omniprésent.

L’illettrisme concernant les gens âgés de 16 ans et plus, le monde du travail est nécessairement impacté par ce handicap. D’après une étude de l’INSEE, sur les 3,1 millions de personnes concernées, 59 % sont des hommes contre 41 % de femmes. Au niveau des tranches d’âge, 53 % des personnes en état d’illettrisme sont âgées de 45 à 65 ans et donc susceptibles d’exercer un emploi.

En 2003, une enquête de l’Observatoire de la formation, de l’emploi et des métiers (OFEM) de la CCIP fut consacrée à l’illettrisme en entreprise. L’enquête détermina que les entreprises étaient globalement ignorantes de cette problématique ou, dans les cas où elles avaient connaissance de personnes illettrées au sein de leur personnel, qu’elles n’apportaient aucune réponse au problème.

Pourtant, l’entreprise se situe au cœur de la problématique : l’ignorance de la publication régulière d’avertissements écrits relatifs aux conditions d’hygiène et de sécurité ou l’usage de plus en plus nécessaire de l’outil informatique nécessitent que le monde du travail prenne part à la lutte contre ce phénomène.

La loi du 4 mai 2004 relative à la formation professionnelle tout au long de la vie inscrit la lutte contre l’illettrisme dans le corpus des règles d’hygiène et de sécurité dans l’entreprise, par le biais d’un vaste panel de formations.

Outre les formations de type Français-Langues étrangères (FLE), plutôt adaptée à des non-francophones en apprentissage du français, nombre de formations consacrées à la maîtrise de la langue sont déployées à l’nitiative de différents Opca, avec de bons résultats.

De grands noms de l’Interim, comme Manpower ont d’ailleurs lancé de vastes campagnes d’identification de l’illettrisme et d’apprentissage des compétences de base avec un certain succès.

Le principal écueil, cependant, celui qui rend si difficile le combat contre l’illettrisme, est précisément la gêne, voire la honte, que peuvent ressentir les personnes concernées, qui n’osent parfois pas avouer leur handicap.

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