PARIS (AFP) - Lutter contre l'illettrisme des salariés, un effort encore insuffisant

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Source AFP - La Croix.com

L'illettrisme touche en France 8% des personnes qui travaillent, et si les employeurs commencent à former les salariés aux "savoirs de base", les efforts restent insuffisants, au moment où le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) veut en faire une priorité nationale.

"Malgré beaucoup de bonne volonté", la lutte contre l'illettrisme n'est "pas à la hauteur de l'enjeu" et le nombre de personnes illettrées s'accroît, alertait fin décembre le COE.

Selon l'Insee, 9% des 18-65 ans qui ont été scolarisés en France n'ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l'écriture et du calcul, ou ont désappris et peinent à lire un plan, prendre un médicament ou faire un chèque.

Parmi eux, "57% sont en situation d'emploi", mais leur handicap empêche toute évolution de carrière ou reclassement, explique Hervé Fernandez, de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI).

Il n'est pas facile de les repérer: certains occupent des postes ne nécessitant pas de lire, d'autres développent des "stratégies de contournement", prétextant par exemple qu'ils ont oublié leurs lunettes, ou sont aidés par des collègues.

"La prise de conscience des employeurs est plus forte, mais le nombre de bénéficiaires de formation n'est pas à la hauteur des besoins", estimés à 1,7 million de salariés, souligne M. Fernandez. Toutefois le nombre de salariés formés a triplé en trois ans, pour atteindre environ 30.000 par an. "Un travail important reste à faire en matière de sensibilisation", même "s'il est plus facile d'en parler qu'il y a quelques années", ajoute Olivia Da Silva, chez Agefos-PME, organisme de la formation professionnelle.

Le Conseil régional de Rhône-Alpes a ainsi été alerté lorsqu'il a intégré en 2006 plus de 5.000 agents techniques des lycées, autrefois rattachés à l'Etat. Une population composée à 60% d'agents d'entretien, dont 15% étaient illettrés.

Des formations ont été proposées pour "améliorer la prévention des risques professionnels", afin de "reconnaître les produits, lire une notice, effectuer les bons dosages", explique Eliane Giraud, conseillère régionale (PS). Mais l'objectif est aussi de "permettre aux employés d'évoluer professionnellement", insiste-t-elle.

Chez Casino Restauration, "l'impression que parfois les gens ne comprenaient pas les consignes" a poussé l'entreprise à former les volontaires aux "savoirs de base", explique Mansour Zoberi, directeur de la promotion de la diversité.

Comme beaucoup d'entreprises, Casino ne parle pas d'illettrisme. "Savoirs et acquis de base", "compétences clés" sont généralement employés pour éviter toute stigmatisation.

De même, pour être efficace et acceptée par le salarié, la formation doit être "ancrée dans le contexte professionnel". Face à un public qui a souvent connu l'échec scolaire, "il faut exclure les approches académiques", explique M. Fernandez.

Dans le bâtiment, les salariés apprennent ainsi à "mieux remplir un bon de livraison", "calculer les quantités de matériaux" ou "à comprendre les problématiques de sécurité", explique une responsable du Groupement pour la Formation continue dans les industries du Bâtiment et des Travaux publics (GFC-BTP).

Mais l'illettrisme va désormais au-delà du simple lire-écrire-compter. "Cela ne concerne pas uniquement les très bas niveaux de qualification et des postes plus élevés (d'encadrement intermédiaire, par exemple) sont victimes d'une non-maîtrise de certaines compétences clés liées au poste", comme connaître quelques mots d'anglais ou les nouvelles technologies, explique Mme Da Silva.

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