Illettrisme : "Inscrire dans la loi le droit de chacun de savoir lire et écrire" (Marie-Claire Carrère-Gée, COE)

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"Chaque année, le nombre de personnes entamant une formation pour sortir de l’illettrisme est inférieur à celui de jeunes sortant du système scolaire sans maîtrise des savoirs de base ! » Lors de la journée de mobilisation contre l’illettrisme, tenue le mardi 29 mars 2011, Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), a présenté le « profil type » de la personne illettrée, en France, cassant au passage quelques stéréotypes.

« Tout d’abord », a-t-elle précisé, « il faut savoir qu’en France, en ce début de XXIe siècle, près de 4,5 millions de personnes rencontrent des problèmes d’écriture et de lecture. 3 millions, parmi ces dernières, peuvent être considérées comme étant en situation d’illettrisme. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’immigrés, mais bien de personnes nées en France et disposant de la citoyenneté française. Ensuite, bien que 40 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans disposer des compétences de base, la majorité des Français souffrant d’illettrisme ont, en réalité, plus de 45 ans. Enfin, ces personnes ne sont majoritairement pas en situation d’exclusion. 57 % d’entre elles exercent un emploi. »

Malheureusement, l’illettrisme de ces dernières est trop souvent repéré à l’occasion d’un licenciement. Une situation qui, selon Marie-Claire Carrère-Gée, « ne leur laisse quasiment aucune chance d’accéder à nouveau à l’emploi ou de bénéficier d’une reconversion réussie ». De même, la présidente du COE a déploré que chaque année, le nombre de formations suivies pour sortir de l’illettrisme demeure inférieur au nombre de jeunes illettrés arrivant sur le marché du travail. « Face à cela, nous sommes collectivement coupables de non-assistance à personnes en danger », a-t-elle ajouté.

Actuellement, 40 000 formations consacrées à l’acquisition des savoirs de base sont suivies en France, ce qui, aux yeux de Marie-Claire Carrère-Gée, est loin de compenser les besoins globaux. « Il n’existe aucun système d’envergure pour prendre en charge la question de l’illettrisme », a-t-elle déploré, « aussi, je demande solennellement au Premier ministre de faire de l’illettrisme une grande cause nationale ! »

Recommandant que tous les fonctionnaires amenés à entrer en contact avec le public -particulièrement les conseillers de Pôle emploi et les militaires déployés lors des journées d’appel à la préparation à la défense (JAPD)- soient sensibilisés à cette question, la présidente du COE a suggéré de banaliser et professionnaliser davantage la lutte contre l’illettrisme. Banaliser en inscrivant, par exemple, les formations aux savoirs de base au catalogue de formation des entreprises et professionnaliser en cessant de recommander des méthodes qui ne fonctionnent pas. Plus encore, Marie-Claire Carrère-Gée a demandé officiellement, au nom de l’organisme qu’elle préside, que l’Etat proclame « par la loi, le droit de chacun savoir lire et écrire, quel que soit son âge ».

Source : L'Actualité de la Formation

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